de RACINE (Michel). (Auteur)
Parution : janvier 1981
Collection: Les Bâtisseurs inspirés
Éditeur(s) : Editions du Moniteur
Disponibilité : En occasion

Résumé

On a oublié les rocailleurs et leur architecture rustique. Pourquoi ? Pourtant, chacun se souvient d’avoir vu, ici ou là, des fragments de ces décors en ciment imitant la pierre, la brique ou le bois. Cette architecture, pourtant étonnante, a souvent été négligée.

Les rocailleurs étaient des maîtres d’œuvre et des artisans, capables de transformer des pavillons standards du XIXe siècle en véritables palais de rêve. Sur quelques ares, ils aménageaient des massifs alpins, riches en surprises et en folies. Ces artisans, d’origine modeste et souvent formés sur le tas, savaient à peine écrire leur nom. Pour affirmer leur place, ils gravaient leur signature dans le ciment frais, laissant une trace de leur créativité.

Artisans de l’illusion, les rocailleurs exploitaient pleinement les qualités plastiques du ciment. Ils endossaient une multitude de rôles : maçons à l’origine, ils devenaient tour à tour tailleurs de pierre, fabricants de briques, menuisiers ou encore « riches propriétaires ». Leur imagination débordante leur permettait de concevoir des rochers, des arbres, des fleurs, et même d’incarner les forces naturelles qui semblaient sculpter la maison.

Vers 1900, alors que l’artisanat décoratif était menacé par l’industrialisation, leur travail s’inscrit dans une sorte de chant du cygne de l’artisanat européen, distinct de l’Art nouveau. Autodidactes, les rocailleurs défendaient la valeur de la main et de la création artisanale face à une époque qui tendait à prolétariser leur métier.

Comparés à leur contemporain le Facteur Cheval ou à d’autres créateurs amateurs qui inventaient des mondes idéaux dans leur temps libre, les rocailleurs se distinguent comme des inspirés à plein temps. Dans leur travail, ils cherchaient à préserver une part de création et de plaisir, mêlant art et artisanat dans un geste profondément humain.

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